samedi 21 novembre 2015

De l'école secondaire au collège (1803-1828)

L'Ecole Centrale disparue, son remplacement paraissait embarrasser aussi bien le pouvoir central que le Conseil Général de l'Oise.
Pour comprendre ces hésitations,il faut rappeler que la loi du 11 Floréal an X (1° mai 1802), préparée par Fourcroy, organisait l'enseignement en distinguant deux secteurs :
       - un secteur public assuré par les lycées (45 prévus, 1 par arrondissement de tribunal d'appel, en réalité 35 en 1809) qui, contrairement aux écoles centrales, comportaient un internat
        - un secteur privé correspondant soit à des écoles secondaires communales (c'était le cas de Beauvais) soit à des écoles tenues par des particuliers. En tout état de cause, le secteur privé était contrôlé car une autorisation du gouvernement était nécessaire pour tenir une école secondaire qui, de surcroît, était soumise à la surveillance et à l'inspection du Préfet ( article VIII de la loi).

Aucun lycée n'était créé dans l'Oise. En revanche, Amiens en recevait un.
A Beauvais; la ville récupérait les bâtiments de l'Ecole Centrale et devait prendre une décision. 

Au printemps 1804, le conseil municipal fut séduit par les propositions d'un certain abbé Bruson,d'Amiens, cheval de Troie des Jésuites. Mais le gouvernement intervint et refusa toute autorisation à cet ecclésiastique.

Avant toute chose, l'école secondaire communale reçut un bureau d'administration nommé et réuni pour la première fois le 4 Thermidor an XII (23 juillet 1804).
Présidé par le Préfet, il rassemblait:
     - le maire, de Nully d'Hécourt
     - le procureur impérial Legrand
     - deux représentants du conseil municipal, Lemaréchal et Langlet
     - un juge de paix, Danse, qui fit fonction de secrétaire.

L'Ecole serait soumise à l'autorité de l'Etat, de la Municipalité, du bureau d'administration et du Principal ou directeur.

Le directeur désigné par le bureau fut un maître de pension de la ville, Eloy Fleury, proche du professeur Boinvilliers que nous avons déjà rencontré à l'Ecole Centrale. Sa nomination devait être entérinée par le ministre de l'Intérieur ; elle le fut.

Un véritable contrat lui fut proposé.
"Il sera fait au directeur agréé par le Ministre une concession faite par Monsieur le Maire de la Ville, pour un temps indéterminé et tant que l'établissement sera jugé digne d'être école secondaire, des bâtiments qui appartiennent à la ville par la munificence du gouvernement et qui seront jugés nécessaires.
Il sera dressé acte particulier entre Monsieur le Maire et Monsieur le Directeur à l'effet de désigner les bâtiments concédés, les conditions ainsi que le mobilier des dits bâtiments qui sera mis à sa disposition.
Monsieur le Directeur s'oblige à transporter et à établir dans les bâtiments du collège son pensionnat et les pensionnaires qui, à l'ouverture du collège, se trouveront chez lui et à ouvrir les classes pour le 15 Vendémiaire an XIII ( 8 octobre 1804).
Le directeur pourvoira, avec le prix des pensions, à toutes les dépenses que pourra nécessiter le pensionnat tant pour les maîtres d'études et de discipline que pour tout service intérieur.Les fonds provenant des sommes versées par les pensionnaires et par les externes seront employés au paiement des honoraires des professeurs de l'école et, s'ils sont insuffisants, Monsieur le Maire de la ville pourvoira aux moyens d'assurer les fonds qui pourront manquer et dans le dernier trimestre de chaque année, le bureau d'administration lui donnera l'état des fonds de supplément nécessaires.
Le directeur se conformera aux lois, arrêtés et règlements du gouvernement relatifs aux écoles secondaires communales."

Le nouveau Principal amenait donc avec lui ses pensionnaires qui devaient verser 36 F (environ 85 €) de droits d'étude et 12 F (environ 28 €) de droit collégial. Pour ce qui est de la pension, le directeur devait en traiter de gré à gré avec les parents.