L'Ecole Centrale disparue, son remplacement paraissait
embarrasser aussi bien le pouvoir central que le Conseil Général de l'Oise.
Pour
comprendre ces hésitations,il faut rappeler que la loi du 11 Floréal an X (1°
mai 1802), préparée par Fourcroy, organisait l'enseignement en distinguant
deux secteurs :
- un secteur public assuré par
les lycées (45 prévus, 1 par arrondissement de tribunal d'appel, en réalité 35
en 1809) qui, contrairement aux écoles centrales, comportaient un internat
- un secteur privé correspondant
soit à des écoles secondaires communales (c'était le cas de Beauvais) soit à
des écoles tenues par des particuliers. En tout état de cause, le secteur privé
était contrôlé car une autorisation du gouvernement était nécessaire pour tenir
une école secondaire qui, de surcroît, était soumise à la surveillance et à
l'inspection du Préfet ( article VIII de la loi).
Aucun lycée n'était créé dans l'Oise. En revanche, Amiens en
recevait un.
A Beauvais; la ville récupérait les bâtiments de l'Ecole
Centrale et devait prendre une décision.
Au printemps 1804, le conseil
municipal fut séduit par les propositions d'un certain abbé Bruson,d'Amiens,
cheval de Troie des Jésuites. Mais le gouvernement intervint et refusa toute
autorisation à cet ecclésiastique.
Avant toute chose, l'école secondaire communale reçut un
bureau d'administration nommé et réuni pour la première fois le 4 Thermidor an
XII (23 juillet 1804).
Présidé par le Préfet, il rassemblait:
- le maire, de Nully d'Hécourt
- le procureur impérial Legrand
- deux représentants du conseil
municipal, Lemaréchal et Langlet
- un juge de paix, Danse, qui fit
fonction de secrétaire.
L'Ecole serait soumise à l'autorité de l'Etat, de la
Municipalité, du bureau d'administration et du Principal ou directeur.
Le directeur désigné par le bureau fut un maître de pension
de la ville, Eloy Fleury, proche du professeur Boinvilliers que nous avons déjà
rencontré à l'Ecole Centrale. Sa nomination devait être entérinée par le
ministre de l'Intérieur ; elle le fut.
Un véritable contrat lui fut proposé.
"Il sera fait au directeur agréé par le
Ministre une concession faite par Monsieur le Maire de la Ville, pour un temps
indéterminé et tant que l'établissement sera jugé digne d'être école
secondaire, des bâtiments qui appartiennent à la ville par la munificence du
gouvernement et qui seront jugés nécessaires.
Il sera dressé acte particulier entre Monsieur le Maire et
Monsieur le Directeur à l'effet de désigner les bâtiments concédés, les
conditions ainsi que le mobilier des dits bâtiments qui sera mis à sa
disposition.
Monsieur le Directeur s'oblige à transporter et à établir
dans les bâtiments du collège son pensionnat et les pensionnaires qui, à
l'ouverture du collège, se trouveront chez lui et à ouvrir les classes pour le
15 Vendémiaire an XIII ( 8 octobre 1804).
Le directeur pourvoira, avec le prix des pensions, à toutes
les dépenses que pourra nécessiter le pensionnat tant pour les maîtres d'études
et de discipline que pour tout service intérieur.Les fonds provenant des sommes
versées par les pensionnaires et par les externes seront employés au paiement
des honoraires des professeurs de l'école et, s'ils sont insuffisants, Monsieur
le Maire de la ville pourvoira aux moyens d'assurer les fonds qui pourront
manquer et dans le dernier trimestre de chaque année, le bureau
d'administration lui donnera l'état des fonds de supplément nécessaires.
Le directeur se conformera aux lois, arrêtés et règlements
du gouvernement relatifs aux écoles secondaires communales."
Le nouveau Principal amenait donc avec lui ses pensionnaires
qui devaient verser 36 F (environ 85 €) de droits d'étude et 12 F (environ 28 €) de droit collégial. Pour ce
qui est de la pension, le directeur devait en traiter de gré à gré avec les
parents.