Outre ses fonctions de directeur, Eloy Fleury devait être
aussi le professeur des 3° et 4° et des cours de latin.
Cinq régents
constituaient un personnel enseignant limité car, dans la nouvelle école
secondaire, les disciplines scientifiques avaient été éliminées. La collection
d'histoire naturelle fut placée à la Préfecture et détruite dans un incendie,
vingt ans plus tard. Le jardin botanique perdit tout caractère scientifique. Le
préfet tint beaucoup à sauver le cours de dessin, suivi par des apprentis de la
Manufacture impériale de tapisserie.
Le 30 octobre 1804, l'école secondaire ouvrit ses portes
pour 80 élèves dont 40 pensionnaires. Signe des temps, les cérémonies
d'inauguration comportaient une messe du Saint-Esprit. Dans son discours, le
Préfet regrettait l'absence d'un lycée dans le département et vantait la
supériorité de l'environnement beauvaisien sur celui des établissements
parisiens.
En fait, les nouveaux lycées, aussi bien que l'école
secondaire communale de Beauvais, obtenaient peu de succès. L'Ecole de
Beauvais était moins recherchée qu'un pensionnat privé qui avait repris le
vieux nom de collège: le pensionnat du Pont-Godard, installé dans un immeuble de
la rue de Gesvres.
Cet établissement avait pour objectif officiel de former des
ecclésiastiques mais il offrait la possibilité de faire des études moins
coûteuses. Cette situation se répétait un peu partout alors même que le
gouvernement impérial entendait disposer d'un instrument efficace de formation
de ses cadres.
Cet état de fait conduisit à la loi du 10 mai 1806 qui créait l'Université et lui
conférait le monopole de l'enseignement. Un corps enseignant était prévu,
exclusivement chargé de l'enseignement et de l'éducation publics dans tout
l'Empire.Un décret du 17 mars formulait dans le détail l'organisation et le
fonctionnement de l'Université, y compris sur le plan financier.
Quoique son bureau d'administration ait été renouvelé et
q'un aumônier y ait exercé son ministère, le collège communal accueillait moins
d'élèves (90) que le pensionnat du Pont-Godard ( une centaine).
Sur le terrain, la nouvelle autorité de tutelle,le Rectorat,
veille de près aux conditions de vie des élèves et à la qualification des
enseignants. Le principal est tenu d'envoyer au Recteur les certificats de
vaccination des élèves (courrier de novembre 1810) et reçoit des instructions
sur le port de l'uniforme réservé aux pensionnaires et demi-pensionnaires. Les
professeurs devaient porter dans leurs fonctions et dans les cérémonies
publiques un habit français complet noir, chapeau français. Le directeur devait
avoir une broderie noire en soie au collet. Il sert d'intermédiaire entre les
autorités universitaires et les enseignants. Dans l'ensemble, ces derniers sont
des bacheliers, que l'on appelle encore des régents et non pas des licenciés
comme dans les lycées. Ces bacheliers le sont devenus par homologation de leurs
titres antérieurs.
En janvier 1810, les enseignants sont au nombre de six car
aux cinq professeurs de lettres des débuts, un sixième régent a été adjoint
pour enseigner les mathématiques: il s'agit de D.J. Tremblay, premier commis de
la direction des contributions de l'Oise. Chaque régent, rétribué par la ville,
reçoit un salaire de 1000 à 1200 F(2350 à 2820 €) par mois.
Si le collège "languissait" selon l'expression de
l'époque, le bureau d'administration et le Rectorat en donnaient une
explication différente.
Le bureau réclame en janvier 1811 un nombre supérieur de
professeurs "car les élèves ne sont pas suffisamment suivis". Les
professeurs doivent assumer deux classes et le bureau souhaite un nombre de
professeurs égal à celui des classes.
Le Rectorat, quant à lui, ne cesse de morigéner dans son
courrier, le principal Fleury, pour la mauvaise tenue de la comptabilité du
collège, ou du moins sa mauvaise présentation. De fait, la présentation du
budget du collège s'améliore considérablement de 1809 à 1814.