Selon la loi du 7 Ventôse an III (25 février 1795) qui
remplaçait les anciens collèges par des écoles centrales, le département de
l'Oise devait ouvrir l'un de ces nouveaux établissements et y accueillir des
externes âgés de 12 ans révolus. Deux villes se portèrent candidates pour
héberger l'école: Beauvais et Compiègne. Ce fut Beauvais qui l'emporta.
Où allait-on installer l'école? Le jury d'instruction du département, qui comprenait notamment le savant Cassini (Cassini IV né en 1748 et mort à Thury en 1845), Danse et Dubourg trouva les locaux de l'ancien collège de la rue Sainte-Marguerite "incommodes, insalubres, en mauvais état, nécessitant des réparations considérables et impropres à l'école Centrale."
Vendus en 1799, les bâtiments de l'ancien collège furent convertis en"fabrique".
En 1823, l'évêque y établit le séminaire qui y demeura jusqu'en 1852; on construisit sur le terrain un nouvel évêché en 1878. Il ne restait du vieux collège, en 1940, qu'une grande porte du XVIII° siècle , surmontée du mot "collegium".
Le jury d'instruction du département préféra loger l’école dans l'ancien couvent des Ursulines (actuellement lycée des Jacobins), bâti en 1698 : les sœurs se proposaient alors de fournir aux jeunes filles "pauvres" une bonne éducation chrétienne.
Un décret du 4 avril 1792 avait supprimé toutes les congrégations religieuses et un autre du 4 août avait ordonné la vente de leurs maisons. En ce qui concerne les Ursulines de Beauvais, leur établissement revint à la ville, qui en fit d'abord une prison pour les suspects puis, à partir d'octobre 1793, la chapelle accueillit les réunions de la "Société populaire et révolutionnaire".
Le local des Ursulines parut aux membres du jury "à
tous les égards et sous tous les aspects infiniment plus convenable à
l'établissement, prompt et sans frais, des classes, cabinets et logements
nécessaires à l'école Centrale" (lettre du 20 juin 1796 aux administrateurs du département).
L’école Centrale se proposait de donner à ses élèves une
formation beaucoup plus complète et plus "moderne" que celle des
anciens collèges.
Le cycle d'études comprenait trois sections, étendues sur cinq ans environ , de 12 à 16 ans et plus (de la 6°à la 1° actuelle).
Le cycle d'études comprenait trois sections, étendues sur cinq ans environ , de 12 à 16 ans et plus (de la 6°à la 1° actuelle).
Elle était financée par le département (41 800 F par an),
mais chaque élève devait payer une rétribution qui ne pouvait excéder 25 F par
an. L'administration du département pouvait exempter de cette rétribution un
quart des élèves de chaque section pour cause d'indigence.
Les deux mois précédent l'ouverture de l'école avaient été employés à la réfection des locaux : il s'agissait non seulement de préparer les salles de cours, mais aussi d'aménager des logements pour le personnel, enseignant ou non.
Deux membres de l'administration centrale du département, Dubout et Motel, furent chargés de la surveillance des travaux de mise en état.
Il s'agissait aussi de recruter les professeurs (qui
habiteraient donc sur place).
Un concours fut ouvert: pour 8 places. 45 candidatures se manifestèrent. Faute de temps pour organiser un véritable concours sur épreuves, les postulants furent examinés sur leurs titres, leurs ouvrages ou leurs recommandations et passèrent devant le jury d'instruction publique présidé par Cassini. Le jury fit connaître ses choix le 2 Fructidor an IV (19 août 1796) :
Un concours fut ouvert: pour 8 places. 45 candidatures se manifestèrent. Faute de temps pour organiser un véritable concours sur épreuves, les postulants furent examinés sur leurs titres, leurs ouvrages ou leurs recommandations et passèrent devant le jury d'instruction publique présidé par Cassini. Le jury fit connaître ses choix le 2 Fructidor an IV (19 août 1796) :
"Le commissaire du pouvoir exécutif étant entendu,
l'administration centrale du département de l'Oise, considérant que les
lumières et la réputation méritée des membres du jury d'instruction publique,
la circonspection et l'attention scrupuleuse avec lesquelles ils ont procédé à
l'examen de la capacité, des talents, du civisme et de la moralité des
aspirants aux places de professeurs et bibliothécaire, a arrêté de donner son
approbation aux élections faites par les membres du jury d'instruction publique
pour l'école Centrale du département de l'Oise et les proclame dans l'ordre qui
suit:
- le citoyen Vanderberghe : professeur de dessin
- le citoyen Debrun fils : professeur d'histoire naturelle
- le citoyen Pinchedez : professeur de langues anciennes
- le citoyen Mangez : professeur de mathématiques
- le citoyen Vedon : professeur de grammaire générale
- le citoyen Boinvillers : professeur de Belles Lettres
- le citoyen Langlet : professeur d'histoire
- le citoyen Lozière : administrateur municipal bibliothécaire
Enfin l'administration départementale autorisa Lozière, le
7 Fructidor an IV '25 août 1796) à retirer des" dépôts nationaux de
livres du département" ceux qui seraient utiles à la future bibliothèque
de l'école et à les mettre en place.
L'objectif de l'établissement avait été clairement formulé le jour de l'inauguration par l'un des professeurs, Boinvillers, qui avait ainsi commencé son discours:
" Garantir à tous les individus la faculté de pourvoir
à leurs besoins, de développer et de perfectionner leurs talents et leur
industrie, les rendre capables de remplir un jour les fonctions honorables
auxquelles chacun a droit de prétendre, et par là même établir entre tous les
membres du corps social une égalité réelle, une réalité de fait, tel est,
citoyens, le but de l'instruction nationale... L'instruction doit être une pour
tous..."
Il poursuivait:
"Dans les divers degrés, l'instruction nationale
embrassera le système entier des connaissances humaines... De quelle ressource
ne seront pas pour nos enfants les études si nécessires de la physique et de
l'histoire naturelle, de la
Et il opposait tout au long de sa harangue, l'enseignement
du futur établissement, ouvert sur la nature et la société, porteur de
modernité, à celui, sclérosé et étriqué, des anciens collèges religieux, bornant
leur savoir aux langues anciennes, tournés vers le passé.
Tous les responsables de l'école paraissent en avoir eu
conscience: son installation représentait à la fois une aventure, un enjeu
intellectuel et social; et pour tout dire, politique. Il s'agissait de former
de futurs citoyens aptes à saisir d'emblée tous les aspects du
"progrès", pour le mettre en oeuvre au bénéfice de la communauté
nationale
Pour tout ce qui concerne l'Ecole Centrale, consulter :
- le tome X des Mémoires de la Société Académique
- le discours prononcé par M.Quignon le 30 juillet 1904 au lycée Félix Faure lors d'une distribution des prix.