Fin 2010, Nadine Legros-Marty, Claude Pilard et moi-même,
Mireille Bresson-Mackowiak , nous nous retrouvons, grâce à internet. Nous
décidons de poursuivre nos recherches avec «Copains d'avant». Alain Carlier est
retrouvé, puis Jean Vergucht. Nous
organisons une «petite bouffe» à Beauvais en avril 2011 et le journal
local consacre une pleine page à ces retrouvailles. On prend une photo de groupe
devant JH. Claude Danin nous retrouve pour le repas à «la table de Céline».
Nous décidons d'annualiser ces rencontres et d'autre copains nous rejoignent
dont Monique Desgroux-Demagny, la 3ème année. Un bon nombre ne peut suivre pour
cause de handicaps dus à l'âge et il n'est pas facile de retrouver les filles
cachées sous leur nom marital.
J'ai retrouvé aussi Pierre Gey, devenu dentiste et dont la
sœur Thérèse était ma meilleure amie. Elle ne s'était pas réveillée à l'issue
d'une opération bénigne peu auparavant. En retraite à Lodève, Pierre a écrit
longuement sur ses années lycée, à l'usage de ses enfants. Il est une vraie
source d'informations.
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1949, fête du lycée dans la chapelle de JH.
Programmes faits maison; il n'y a déjà pas de sous d'autant qu'on est encore sous le régime des restrictions.
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Au sortir de la guerre, dans le sillage des CEMEA étaient
créées
les œuvres laïques et le lycée s'inscrivait dans cette démarche
militante. D'où cette série de photos prises en 51 à Chambly à l'occasion de la
fête fédérale organisée tous les ans par les «œuvres laïques». Grâces soient
rendues à nos profs de gym (en tête Melle Dumas pour les filles).Cliquez pour agrandir |
1951, sous les arcades de FF, à gauche, Bu Thuong neveu de
Bao Daï aux côtés de François Blondel, un de mes amours d'adolescente. Mais il
y a eu aussi P.J «titi» Parey devenu, paraît-il, musicien de jazz.
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1951, fête du lycée, dans la chapelle de JH, toujours, avec la représentation des Précieuses Ridicules à l'initiative d'un pion d'internat Lebrun (élève de Jouvet) qui avait créé un club-théâtre ET un ciné-club. On reconnaît, peut-être, sous le costume du vieillard cacochyme, Guy Sarrazin dont c'était le 1er rôle avant d'être connu sous le nom de Grosso de «Grosso et Modo» et de faire la belle carrière que l'on sait.
1952 «sauterie» du lycée dans les locaux de FF ou élèves (du
second cycle) pions et profs fraternisent dans la bonne humeur
Roger Petit, ami de mes parents, surnommé Azor par les élèves
à cause de sa propension à tourner autour des rangs en braillant : «c'est pas
un rang, ça, bande de p'tits salopiots». Il était surgé à FF dans les années 50
avant son bâton de maréchal comme censeur au lycée Corneille de Rouen. (retour
aux sources puisqu’il y avait été prof de gym dans sa jeunesse).
J'en suis désolée, mais je n'ai aucune photo des 2 proviseurs
que j'ai connus: Peyrethon et Laménardie, ni du censeur Coulbeau surnommé,
allez savoir pourquoi, «le paysan du Danube». Encore moins de la surgé de
l'internat des filles, Melle Bounafous dite Bouna qui s'annonçait toujours avec
son énorme trousseau de clés qu'elle camouflait dans ses mains croisées
derrière le dos. Pas plus que de Rapicault, prof d'allemand dans sa canadienne
qui tenait debout. Il a pris une cuite au début de sa carrière avec son copain
le croque- mort et n'a plus jamais dessaoulé. Son port d'attache était le
bistrot à côté de FF devenu un kébab. Tout fout l'camp! Et encore moins de
Duforestel et de son archet, de Melle Gleize aux ineffables pulls violets
tricotés maison qui nous faisait dessiner des torchons à carreaux accrochés à
un clou, ni de Melle Lucas grâce à qui je sais faire des brassières bébé 1er
âge, des jours pour les draps, de la broderie norvégienne et raccommoder avec
des pièces à 4 coins.
Au risque de scandaliser les jeunes générations, j'ai vécu
mes 4 années d'enfermement à l'internat comme des années de grande liberté,
malgré ma redingote d'uniforme bleu-marine et mon chapeau miss qui rejoignait
le fond de ma poche sitôt passée la conciergerie du Cerbère de service .
Bonheur des sorties libres du dimanche après-midi de 14 à 18
h (à partir de la seconde et avec le blanc-seing des parents, pas faciles à
convaincre) pour aller danser le be-bop au CLEP avec nos copains africains du
lycée qui dansaient comme des dieux et étaient habillés comme des mylords.
Mais quelle horreur le triage des lentilles (bonjour les
cailloux) le jeudi après-midi quand on était privées de promenade par Bouna qui
aurait pu diriger un couvent. Mais au moins avait-on une douche par semaine,
parfois bouillante, parfois glacée, selon l'heure, ce qui n'était pas toujours
le cas à la maison où les salles de bain étaient encore rares. Et le hachis
Parmentier hebdomadaire était bien bon parce que copieux même si on ne savait
pas trop bien avec quels restes il était fait. Je pense que l'internat était
une bonne école pour devenir autonome.
Et nous avions la chance, à quelques exceptions près, d'avoir
des équipes d'encadrement pour qui être enseignant c'était aussi être
éducateur. En fait, je crois que tous, ou à peu près, avaient choisi leur
métier par vocation. Pensez donc à FF-JH il y avait, bien avant 68, un foyer
pour les internes et des délégués de classe élus par leurs pairs. Je sais bien
que le bon temps c'est toujours le temps de la jeunesse, mais, oui, c'était le
bon temps.