mercredi 4 novembre 2015

Petits commentaires sur ma vie d'interne à FF-JH de 1948 à 1952, par Mireille Bresson-Mackowiak

Fin 2010, Nadine Legros-Marty, Claude Pilard et moi-même, Mireille Bresson-Mackowiak , nous nous retrouvons, grâce à internet. Nous décidons de poursuivre nos recherches avec «Copains d'avant». Alain Carlier est retrouvé, puis Jean Vergucht. Nous  organisons une «petite bouffe» à Beauvais en avril 2011 et le journal local consacre une pleine page à ces retrouvailles. On prend une photo de groupe devant JH. Claude Danin nous retrouve pour le repas à «la table de Céline». Nous décidons d'annualiser ces rencontres et d'autre copains nous rejoignent dont Monique Desgroux-Demagny, la 3ème année. Un bon nombre ne peut suivre pour cause de handicaps dus à l'âge et il n'est pas facile de retrouver les filles cachées sous leur nom marital.
J'ai retrouvé aussi Pierre Gey, devenu dentiste et dont la sœur Thérèse était ma meilleure amie. Elle ne s'était pas réveillée à l'issue d'une opération bénigne peu auparavant. En retraite à Lodève, Pierre a écrit longuement sur ses années lycée, à l'usage de ses enfants. Il est une vraie source d'informations.


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1949, fête du lycée dans la chapelle de JH.
Programmes faits maison; il n'y a déjà pas de sous d'autant qu'on est encore sous le régime des restrictions.

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Au sortir de la guerre, dans le sillage des CEMEA étaient créées
les œuvres laïques et le lycée s'inscrivait dans cette démarche militante. D'où cette série de photos prises en 51 à Chambly à l'occasion de la fête fédérale organisée tous les ans par les «œuvres laïques». Grâces soient rendues à nos profs de gym (en tête Melle Dumas pour les filles).




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1951, sous les arcades de FF, à gauche, Bu Thuong neveu de Bao Daï aux côtés de François Blondel, un de mes amours d'adolescente. Mais il y a eu aussi P.J «titi» Parey devenu, paraît-il, musicien de jazz.


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1951, fête du lycée, dans la chapelle de JH, toujours, avec la représentation des Précieuses Ridicules à l'initiative d'un pion d'internat Lebrun (élève de Jouvet) qui avait créé un club-théâtre ET un ciné-club. On reconnaît, peut-être, sous le costume du vieillard cacochyme, Guy Sarrazin dont c'était le 1er rôle avant d'être connu sous le nom de Grosso de «Grosso et Modo» et de faire la belle carrière que l'on sait.

1952 «sauterie» du lycée dans les locaux de FF ou élèves (du second cycle) pions et profs fraternisent dans la bonne humeur

Roger Petit, ami de mes parents, surnommé Azor par les élèves à cause de sa propension à tourner autour des rangs en braillant : «c'est pas un rang, ça, bande de p'tits salopiots». Il était surgé à FF dans les années 50 avant son bâton de maréchal comme censeur au lycée Corneille de Rouen. (retour aux sources puisqu’il y avait été prof de gym dans sa jeunesse).

J'en suis désolée, mais je n'ai aucune photo des 2 proviseurs que j'ai connus: Peyrethon et Laménardie, ni du censeur Coulbeau surnommé, allez savoir pourquoi, «le paysan du Danube». Encore moins de la surgé de l'internat des filles, Melle Bounafous dite Bouna qui s'annonçait toujours avec son énorme trousseau de clés qu'elle camouflait dans ses mains croisées derrière le dos. Pas plus que de Rapicault, prof d'allemand dans sa canadienne qui tenait debout. Il a pris une cuite au début de sa carrière avec son copain le croque- mort et n'a plus jamais dessaoulé. Son port d'attache était le bistrot à côté de FF devenu un kébab. Tout fout l'camp! Et encore moins de Duforestel et de son archet, de Melle Gleize aux ineffables pulls violets tricotés maison qui nous faisait dessiner des torchons à carreaux accrochés à un clou, ni de Melle Lucas grâce à qui je sais faire des brassières bébé 1er âge, des jours pour les draps, de la broderie norvégienne et raccommoder avec des pièces à 4 coins.

Au risque de scandaliser les jeunes générations, j'ai vécu mes 4 années d'enfermement à l'internat comme des années de grande liberté, malgré ma redingote d'uniforme bleu-marine et mon chapeau miss qui rejoignait le fond de ma poche sitôt passée la conciergerie du Cerbère de service .

Bonheur des sorties libres du dimanche après-midi de 14 à 18 h (à partir de la seconde et avec le blanc-seing des parents, pas faciles à convaincre) pour aller danser le be-bop au CLEP avec nos copains africains du lycée qui dansaient comme des dieux et étaient habillés comme des mylords.
Mais quelle horreur le triage des lentilles (bonjour les cailloux) le jeudi après-midi quand on était privées de promenade par Bouna qui aurait pu diriger un couvent. Mais au moins avait-on une douche par semaine, parfois bouillante, parfois glacée, selon l'heure, ce qui n'était pas toujours le cas à la maison où les salles de bain étaient encore rares. Et le hachis Parmentier hebdomadaire était bien bon parce que copieux même si on ne savait pas trop bien avec quels restes il était fait. Je pense que l'internat était une bonne école pour devenir autonome.

Et nous avions la chance, à quelques exceptions près, d'avoir des équipes d'encadrement pour qui être enseignant c'était aussi être éducateur. En fait, je crois que tous, ou à peu près, avaient choisi leur métier par vocation. Pensez donc à FF-JH il y avait, bien avant 68, un foyer pour les internes et des délégués de classe élus par leurs pairs. Je sais bien que le bon temps c'est toujours le temps de la jeunesse, mais, oui, c'était le bon temps.