Jusque vers 1740, le collège accueille de 250 à 300 élèves
qui payaient à leurs régents ou professeurs, la plupart du temps
ecclésiastiques, une indemnité annuelle, variable selon la classe :
- 24 livres en philosophie
- 21 livres en rhétorique
- 18 livres en seconde
- 15 livres en 3°
- 12 livres en 4°
- 9 livres en 5°
- 8 livres en 6°
Le pensionnat était tenu par le principal, toujours un
ecclésiastique, qui recevait de chaque pensionnaire 30 livres pour lui fournir
le logement, le feu, la chandelle, le sel et la cuisson de la viande que les
élèves achetaient comme il leur plaisait. De plus, chaque élève, pensionnaire
ou non, fournissait au régent et au principal :
- 1 bougie à la Chandeleur
- 1 gobelet de cristal à la Saint-Jean
et au principal une redevance de 30 sous le jour de la
rentrée (à la Saint-Rémy, le 1er octobre).
Pourtant, le collège semble avoir été pauvre, car dans l'assemblée des trois corps qui le gérait, l'évêché et le chapitre l'emportaient sur la voix municipale et ne semblent pas, malgré leur extrême richesse, avoir été généreux envers l'institution.
En février 1763, le statut du collège est modifié par un édit royal complété ensuite par divers arrêtés et règlements.
Ces nouvelles dispositions sont l'un des aspects d'une
politique hostile aux jésuites, très influents auprès des évêques.
Dès 1761, le Parlement ordonne la fermeture des collèges de la Compagnie. C'est la revanche des jansénistes, consacrée en 1764 par l'expulsion de la Compagnie de Jésus. Les Jésuites enseignaient dans une centaine de collèges et leur départ posait donc un problème pour l'enseignement secondaire. Dès cette époque, des magistrats élaborent les plans d'une éducation nationale (cf le rapport de La Chalotais en 1763) laïcisée et modernisée par l'enseignement des sciences et des langues. En fait, les collèges reçurent surtout comme enseignants des prêtres séculiers. L'édit se proposait de secourir les collèges indigents du royaume et de les soumettre à un mode nouveau et uniforme d'administration.
Dès 1761, le Parlement ordonne la fermeture des collèges de la Compagnie. C'est la revanche des jansénistes, consacrée en 1764 par l'expulsion de la Compagnie de Jésus. Les Jésuites enseignaient dans une centaine de collèges et leur départ posait donc un problème pour l'enseignement secondaire. Dès cette époque, des magistrats élaborent les plans d'une éducation nationale (cf le rapport de La Chalotais en 1763) laïcisée et modernisée par l'enseignement des sciences et des langues. En fait, les collèges reçurent surtout comme enseignants des prêtres séculiers. L'édit se proposait de secourir les collèges indigents du royaume et de les soumettre à un mode nouveau et uniforme d'administration.
A Beauvais, l'administration des Trois corps était remplacée
par un bureau qui comprenait:
- 2 magistrats représentant l'autorité royale( le lieutenant général au bailliage et le procureur du roi)
- 2 échevins
- 2 notables bourgeois
- 1 secrétaire
Ce bureau devait tenir au moins deux assemblées par mois dans
une salle du collège ; à lui seul appartenait la nomination ou la destitution du
principal et des régents. Un des administrateurs était nommé pour veiller à la
police intérieure du collège.Dans une réunion mensuelle, les professeurs ou
régents rendaient compte au principal de l'avancement des élèves. L'un d'entre
eux devait être désigné, chaque année, pour prononcer un discours à la rentrée
des classes. Des distributions des prix étaient ordonnées. Des mesures étaient
prises pour la conservation des registres et des titres de la maison.
Une administration plus efficace ? Il était temps ! A
l'entrée en fonction du nouveau bureau, un mémoire de 1773 affirme que tous les
bâtiments sont en décadence. La chapelle est étayée, une cheminée menace
ruine,un tableau de Coypel s'y dégrade. Les classes ne méritent pas ce nom.
" C'étaient des emplacements affreux, propres tout au
plus à contenir de vils animaux. Les chambres des professeurs étaient
inhabitables, les couvertures des toits dans le plus mauvais état. Point de
livres à l'usage commun. Point de prix, ou pour 1000 livres peut-être en 34
années, quoique M. l'évêque et le chapitre aient touché dans cet espace de
temps plus de 9 millions du diocèse... C'est ainsi que l'ancienne
administration a laissé le collège."
De 1763 à 1773, la situation du collège s'améliore. Le
bureau obtint du roi 20 000 livres. Les administrateurs font construire un
bâtiment solide,"des classes spacieuses et décentes, des chambres commodes
pour les professeurs, une bibliothèque" sont aménagées. La cheminée, la
chapelle sont réparées ainsi que les anciens bâtiments. Le tableau de Coypel
est restauré.
Cependant, l'évêque de Beauvais avait peu apprécié d'être
évincé de l'administration de l'établissement. Représenté par Mgr de Gesvres d'abord,
puis par Mgr de La Rochefoucauld, l'évêché obtint une satisfaction relative en
1773. Le roi, par lettres patentes, admettait le retour à la situation
antérieure à l'édit de 1763, c'est à dire à l'administration par les trois
corps. Satisfaction relative car deux des trois corps ne semblent pas avoir été
convaincus du bien-fondé de la restauration de l'ordre ancien. Le bureau, le
bailliage eurent beau protester auprès du garde des Sceaux, rien n'y fit. Le
corps de ville finit par se résigner et jusqu'à la Révolution, le collège fut à
nouveau soumis à la tutelle des trois corps. De fait, la vie quotidienne des
élèves garde un caractère très monacal. D'après les règlements conservés dans
les archives municipales et qui ont dû brûler en 1940 (cf Albert Launay
"Société Académique de l'Oise - compte rendu des séances année 1938) ,
la journée se déroulait ainsi:
- à 5 h 1/2 le matin, le réglementaire élève choisi parmi les plus âgés et les plus nécessiteux, chargé de différents services en échange desquels il recevait l'instruction gratuitement, réveille ses camarades et l'hiver allume les chandelles. Suivent alors la prière, la toilette et, à 6 h , la prière collective
- de 6 h 1/2 à 7 h, étude
- à 7 h petit déjeuner
- à 7 h 1/2, tous les élèves, internes et externes, sont dans leurs classes et récitent leurs leçons à ceux d'entre eux désignés à cet effet. Ils assistent ensuite à la messe donnée à la chapelle du collège
- de 10 h 1/2 à 10 h 45, récréation
- de 10 h 45 à 12 h, étude surveillée par l'élève qui porte le nom de censeur et qui inscrit sur une feuille de papier le nom des bavards que le régent de garde punit ensuite d'un pensum ou de la férule
- 12 h, bénédicité, déjeuner en silence tandis que des élèves, à tour de rôle, font la lecture à haute voix. Puis récréation jusqu'à 13h
- 13 à 14 h, étude précédée d'une prière et suivie d'une oraison
- de 14 à 16 h 1/2 cours pour tous les élèves, puis oraison, départ des externes et récréation
- de 17 h à 20 h étude, souper suivi d'une récréation et de la prière
- 20 h 45, coucher en silence car, selon un commentaire accompagnant les statuts, "les écoliers regarderont le silence comme l'âme même de la discipline".
Le jeudi après-midi était consacré à une promenade sous la
conduite d'un régent et le dimanche les exercices religieux étaient plus longs :
grand'messe, vêpres, lectures spirituelles, catéchisme.
Tel était le rythme de la vie au collège tout le long de
l'année scholastique depuis le début d'octobre jusque vers le 15 août.