Le contexte
historique de sa création
Le dernier quart du 19ème siècle est marqué par
de nombreux bouleversements technologiques.
En effet, la machine à vapeur, inventée en 1769 par James Watt, trouve enfin de multiples applications dans les manufactures mais permet aussi la création des chemins de fer, de nouvelles machines agricoles…
C'est aussi la grande période de l'acier avec l'édification de nombreuses structures nouvelles, de plus en plus audacieuses, dont la plus célèbre reste sans doute la tour Eiffel, construite pour l'exposition universelle de 1889 à Paris.
Par ailleurs, la mise au point du moteur à explosion engendre la création des premières automobiles puis des premiers avions.
Enfin, l'amélioration de la lampe à incandescence par Thomas Edison, en 1879, va ouvrir de nouveaux horizons à l'énergie électrique.
En effet, la machine à vapeur, inventée en 1769 par James Watt, trouve enfin de multiples applications dans les manufactures mais permet aussi la création des chemins de fer, de nouvelles machines agricoles…
C'est aussi la grande période de l'acier avec l'édification de nombreuses structures nouvelles, de plus en plus audacieuses, dont la plus célèbre reste sans doute la tour Eiffel, construite pour l'exposition universelle de 1889 à Paris.
Par ailleurs, la mise au point du moteur à explosion engendre la création des premières automobiles puis des premiers avions.
Enfin, l'amélioration de la lampe à incandescence par Thomas Edison, en 1879, va ouvrir de nouveaux horizons à l'énergie électrique.
Tous ces progrès techniques, ajoutés aux lois de Jules Ferry
de 1882/83 généralisant l'enseignement laïc, gratuit et obligatoire pour tous
les enfants de 6 à 13 ans, vont obliger la ville de Beauvais et l'Etat français
à faire évoluer leur offre éducative, en particulier pour former les jeunes à
de nouveaux métiers.
Le Collège Municipal de Beauvais, datant du Moyen Age, est
trop petit et mal adapté aux nouvelles exigences de l'enseignement. La
municipalité décide donc, en 1889, de doter la ville d'un lycée. Cela devient
urgent d'autant que l'Institution du Saint Esprit, établissement privé, vient
d'ouvrir ses portes !
La construction
Un terrain, très en pente, de 2,5 ha est donc acheté par la
ville pour y édifier un lycée pouvant accueillir 450 élèves et, en 1893, le
décret pour la construction d'un Lycée National est signé par le Président de la
République de l'époque, Sadi Carnot, et par le Ministre de l'instruction et des
Beaux-Arts, Raymond Poincaré.
Dès 1889, un jeune architecte picard, Norbert Auguste
Maillart, avait été choisi pour élaborer les plans de l'établissement. Il n'a
que 33 ans mais c'est un petit prodige qui a étudié aux Beaux-Arts de Paris et
qui, à 25 ans, a obtenu le second Prix de Rome ! Le majestueux Lycée Félix
Faure le rend célèbre et il poursuivra une brillante carrière, en particulier
en Amérique du Sud, où il construira de nombreux édifices publics dont
l'architecture rappelle, parfois, le lycée de Beauvais…
C'est un véritable "Palais scolaire" que va
construire Norbert Maillart en choisissant des matériaux locaux nobles (pierre
de St Maximin et briques du pays de Bray, acier des forges de Montataire,
céramiques inscrustées de la manufacture Boulanger, riches carrelages de chez
Colozier… ). L'ensemble est très harmonieux avec des façades animées par la
pierre de taille et les quatre couleurs de briques ainsi que par de nombreux
décrochements et chapitaux.
Ce "Palais" représente un budget tellement pharaonique
que, peu de temps après le début des travaux de terrassement et la pose de la
première pierre, en 1896, le nouveau Maire de Beauvais et le Préfet de l'Oise
demandent à ce que le bâtiment soit converti en… caserne ! La guerre de 1870
est encore très présente dans les mémoires et ils pensent qu'une caserne serait
bien plus utile qu'un lycée. L'Etat tranche en décidant la poursuite du projet
initial. Le lycée est sauvé.
Malgré de nombreux incidents (incendie d'une partie de la
toiture, fenêtres fabriquées par un atelier parisien ne correspondant pas aux
ouvertures…) le lycée est fin prêt au bout de seulement deux ans et demi, un
vrai record quand on connait des moyens rudimentaires de l'époque !
Le lycée en 1898
Il
ouvre à la rentrée d'octobre. Conçu pour 450 élèves, il n'en accueille alors
que 267 dont 128 internes.
Il est ouvert aux garçons uniquement, de la 11ème (CP) à la classe Terminale.
Il est ouvert aux garçons uniquement, de la 11ème (CP) à la classe Terminale.
C'est
un établissement d'exception qui n'est pas à la portée de toutes les bourses en
raison, en particulier, de l'uniforme obligatoire.
Il
se distingue des autres établissements par son équipement hors du commun :
vastes salles de classe lumineuses, salles de chimie, physique, musique, art, laboratoire
de sciences, bibliothèque, gymnase, salle de douches, buanderie, infirmerie…
Un
médecin, attaché à l'établissement, passe tous les jours pour s'occuper des
éventuels malades.
Un
magnifique "parloir" (actuellement salle de réunion), richement
décoré et meublé, accueille les familles qui désirent rendre visite à leur
enfant.
Comme
tous les édifices accueillant des internes, l'établissement dispose d'une
chapelle (transformée, actuellement, en salle de conférence).
Fait
rarissime pour l'époque, l'ensemble des bâtiments est chauffé grâce à 4 énormes
chaudières à charbon situées en sous-sol (elles existent toujours et
fonctionnent à présent au gaz).
La
discipline est stricte et l'escalier d'honneur, tout comme la cour centrale,
sont réservés au seul usage du corps professoral.
Tout
est compris dans le prix de la pension payée par les familles : le matériel, le
blanchissage, le raccommodage, le dentiste, les soins, jusqu'à l'entretien des
deux paires de chaussures réglementaires !
La
brochure remise aux familles détaille les objectifs de l'établissement : "donner
le goût de l'ordre, du travail et le sentiment du devoir pour former des
citoyens éclairés capables de bien servir leur pays". Un "Certificat
de bonne conduite" était exigé pour être admis dans l'établissement.
Le lycée au cœur des
deux guerres mondiales
En
1914, le lycée est réquisitionné pour devenir un hôpital militaire. 40 000 blessés
y seront soignés et on y comptera jusqu'à 700 lits. Elèves et professeurs
cèdent la place aux médecins, chirurgiens, infirmiers… et sont disséminés un
peu partout dans la ville, là où on trouve de la place pour les installer.
En
mai 1918, des bombardements provoquent quelques petits dégâts dans la cour des
petits et sur une façade.
En
1939, le lycée est à nouveau réquisitionné pour en faire un hôpital militaire.
Le 4 juin 1940, un bombardement suivi de nombreux incendies détruit 80% de la ville de Beauvais.
Le 4 juin 1940, un bombardement suivi de nombreux incendies détruit 80% de la ville de Beauvais.
L'armée
allemande, qui occupe le Nord de la France, réquisitionne alors le bâtiment
pour y installer la Feldkommandantur. La cohabitation des élèves et des
professeurs avec l'armée d'occupation devient très vite impossible. Ils seront
"relogés" au lycée agricole tout proche, dans une usine et dans des baraquements
construits à la hâte.
Le
portrait d'Adolf Hitler est accroché sous le péristyle et la devise du Reich
"Ein Volk, ein Reich, ein Führer" "orne" le fronton de
l'établissement.
En
1943, de nombreux bombardements alliés, mal ciblés car c'est l'aviation
allemande, basée à Tillé tout proche qui était visée, vont gravement endommager
le lycée, le rendant complétement inutilisable à la fin de la guerre.
La reconstruction
Elle va s'étaler sur 5 ans, de juillet 1947 à octobre 1952
(alors qu'il n'avait fallu que deux ans et demi pour tout construire !).
En effet, à la fin de la guerre, tout manque : les matériaux (la quasi-totalité de la ville est à reconstruire), la main d'œuvre (un nombre de morts et de blessés jamais vu) et, surtout, l'argent (le gros des finances publiques est passé dans l'effort de guerre).
En effet, à la fin de la guerre, tout manque : les matériaux (la quasi-totalité de la ville est à reconstruire), la main d'œuvre (un nombre de morts et de blessés jamais vu) et, surtout, l'argent (le gros des finances publiques est passé dans l'effort de guerre).
Grâce au plan Marshall et, donc, à des fonds en grande
partie américains, toutes les parties détruites du lycée vont être
reconstruites à l'identique et, le 24 novembre 1952, le lycée sera à nouveau
inauguré.
Il faut noter que, dès 1950, une partie des élèves avait pu y retourner après une inauguration en grande pompe avec les autorités américaines...
Il faut noter que, dès 1950, une partie des élèves avait pu y retourner après une inauguration en grande pompe avec les autorités américaines...
Un nom unique
Le choix d'un nom pour ce lycée a fait l'objet de nombreux
débats. On évoquait les noms de Jean RACINE ou de Félix FAURE (qui avaient
étudié à Beauvais), mais aussi de Sadi CARNOT (assassiné en 1894) ou encore de Nully
d'HECOURT, un ancien Maire.
Le 19 mai 1898, Félix FAURE, alors président de la 3ème
République, fait savoir, par lettre adressée au maire de Beauvais, qu'il ne
tient pas à ce que ce nouveau lycée porte son nom. C'est donc sous le nom de
"Lycée de garçons de Beauvais" que l'établissement ouvre ses portes
en octobre 1898.
Le décès inattendu de Félix FAURE le16 février 1899, à l'âge
de 58 ans, change la donne et, le 21 juillet de la même année, un décret du
nouveau Président de la République, Emile LOUBET, décide de donner le nom de
Félix FAURE au lycée de Beauvais.
Rien d'étonnant à cela. Le Président Félix FAURE était très populaire auprès des français. Bel homme, il avait su tirer profit de la toute nouvelle invention du cinématographe et aimait à se mettre en scène lors de ses nombreux déplacements officiels. De plus, sa politique de rapprochement avec la Russie lui avait valu l'estime de la classe politique.
Rien d'étonnant à cela. Le Président Félix FAURE était très populaire auprès des français. Bel homme, il avait su tirer profit de la toute nouvelle invention du cinématographe et aimait à se mettre en scène lors de ses nombreux déplacements officiels. De plus, sa politique de rapprochement avec la Russie lui avait valu l'estime de la classe politique.
Quand, 8 ans plus tard, les circonstances réelles de sa mort
seront enfin connues (dans les bras de sa maîtresse), ce sera un véritable
scandale. A tel point que, lorsqu'en 1952, le lycée est à nouveau inauguré après
les travaux de reconstruction, beaucoup de personnages éminents agiront pour
que le lycée soit rebaptisé Jean-Jacques ROUSSEAU ou Ferdinand BUISSON. L'état
s'y opposera, mais ce lycée reste le seul à porter le nom de Félix FAURE.